Créé en 2007 lorsque le marché de l’électricité solaire a enfin émergé en France, Sun’R loue des espaces pour y installer des centrales photovoltaïques. Sa stratégie, cumuler rénovation du bâtit et production d’électricité.
Sun’R n’aurait pas vu le jour sans l’augmentation, en 2006, du prix de rachat de l’électricité solaire par EDF, entre 30 et 55 centimes d’euros le kilowatt selon le type d’installation (panneaux posés ou intégrés à la toiture), soit une augmentation respective de 50 et 100%. « Avant cela, il n’y avait pas de marché pour le solaire en France, nous stagnions à 3 ou 4 mégawatts par an », souligne Antoine Nogier, PDG de Sun’R.
L’entreprise ne se positionne pas sur le secteur de la vente de panneaux solaires aux particuliers. Producteur d’électricité, Sun’R négocie des surfaces d’implantations auprès d’entreprises ou de propriétaires de bâtiments couvrant des surfaces importantes. « Nous leur versons un loyer, rénovons les toitures sur lesquelles nous implantons la centrale et ils en retirent des bénéfices en terme d’image », souligne Antoine Nogier.
L’entreprise a développé une expertise dans la construction de surfaces solaires isolantes qui peuvent faire office de toit. « En rémunérant mieux l’électricité issue de panneaux intégrés, la France a incité ses industriels à innover et nous sommes le seul pays à maîtriser l’intégration du solaire au bâtit ». Un nouveau départ pour l’industrie photovoltaïque française. L’offre proposée par Sun’R se décline en plusieurs options : construction de bâtiments agricoles, auvents de parkings solaires qui protègent les véhicules, rénovation des toitures existantes.
-« On peut atteindre 15 000 MW d’ici 2020 »-
Pour être éligible, il faut disposer d’une surface de 1 000 mètres carrés au moins et se trouver au sud de la Loire afin de garantir un ensoleillement suffisant. Les tarifs de location varient en fonction de l’investissement de Sun’R pour installer la centrale. « Cela dépend de l’ensoleillement et des travaux que nous devons faire. Sur les bâtiments agricoles, nous procédons souvent au désamiantage des toitures, ce qui entraîne des frais assez lourds », explique Antoine Nogier.
Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, l’objectif est de multiplier par 400 la production d’électricité solaire d’ici 2020, de 13 MW en 2007 à 5 400 MW en 2020. Trop peu ambitieux, selon Antoine Nogier. « L’Allemagne est déjà à 1 300 MW en 2008, on peut atteindre 15 000 MW d’ici 2020 ». Il prévient cependant contre un engouement qui pourrait conduire à l’insolation. « Il peut y avoir une bulle sur le solaire, comme il y en a eu une sur Internet. Aujourd’hui tout le monde s’y met sans forcément avoir l’expertise requise », souligne-t-il (lire aussi « Gare aux arnaques vertes » ). « La demande est très forte mais nous cherchons surtout à consolider notre développement ».
Selon Guy Saillard, architecte naval et inventeur des tuiles solaires, « le potentiel d’installation du photovoltaïque sur les toits est considérable, notamment sur les hangars commerciaux » (lire aussi « Produire les énergies par les tuiles » ). Sun’R, qui se positionne sur ce créneau, fait partie des nouvelles entreprises compétitives sur ce secteur, parent pauvre des énergies renouvelables à la française.
Par Anne de Malleray