La société strasbourgeoise Robin Sun a mis au point un système de production d’eau chaude à partir de capteurs solaires intégrés à une vitre semi-transparente.
Il n’y a pas que les toits pour convertir l’énergie solaire en eau chaude. Depuis trois ans, la société Robin Sun propose d’utiliser à cette même fin les murs, ou plus exactement un panneau de verre intégré au bâti. « Il s’agit d’un double vitrage classique à l’intérieur duquel on intègre un capteur solaire thermique. Ce capteur est constitué d’un serpentin en cuivre habillé de lamelles en aluminium avec un revêtement qui sert à transformer la lumière du soleil en chaleur », explique Jean-Marc Robin, créateur et dirigeant de l’entreprise.
La pose de 5 à 7 mètres carrés de ce vitrage dans un mur ou une verrière, de préférence exposé(e) au sud, permet de couvrir 60 à 70% des besoins en eau chaude d’une famille de quatre personnes, précise-t-il. La productivité annuelle du vitrage est légèrement inférieure à celle de panneaux solaires thermiques en raison de son installation à la verticale, qui n’est pas optimale pour capter les rayons du soleil. « En revanche, la verticalité permet une production d’énergie constante tout au long de l’année, tout comme le sont les besoins », souligne Jean-Marc Robin.
Le coût, environ 1 000 euros le mètre carré, est équivalent à celui d’un panneau solaire. « Le marché est encore relativement confidentiel, car nous attendons l’avis technique du Centre scientifique et technique du bâtiment [ndlr : établissement public chargé de l’évaluation des nouvelles techniques de construction] », regrette Jean-Marc Robin.
– Ceci n’est pas une fenêtre –
Développé en partenariat avec l’Institut national des sciences et techniques appliquées de Strasbourg, le vitrage solaire présente pourtant des qualités qui pourraient intéresser les professionnels de la construction. Outre la production d’eau chaude, il offre une isolation équivalente à celle d’un mur de maison basse énergie, grâce au capteur et à un traitement spécifique du verre contre les infrarouges.
Installé le plus souvent dans un salon, ce mur transparent ne l’est pas totalement. « Plus on va vers l’été, avec un soleil haut à l’horizon, plus les bandes-réflecteurs déposées sur le verre vont de façon progressive, avec l’élévation du soleil, limiter la part des rayons entrants et les détourner vers le capteur solaire », explique Jean-Marc Robin. « On évite ainsi l’effet de serre souvent ressenti dans les vérandas, tout en conservant de la clarté ».
Le vitrage solaire a également ses limites : élément du bâti, il est plus facile à intégrer au moment de la construction que par la suite. En outre, il ne peut pas s’ouvrir comme une fenêtre. Mais pour Jean-Marc Robin, ces inconvénients ne devraient pas décourager les promoteurs. Robin Sun vient d’ailleurs de décrocher son premier gros contrat avec un bailleur public, la Société immobilière d’économie mixte de la Ville de Paris. Celle-ci va équiper de vitrage solaire une vingtaine de logements sociaux en construction dans le quartier de Barbès à Paris.
Par François Schott